Charles Gravelle

CHARLES GRAVELLE – BIOGRAPHIE

Charles GravelleCharles Gravelle est né Charles Jules Paul Darnis-Gravelle le 21 Septembre 1864 à 5h du matin, fils de Lucien Darnis-Gravelle et de Marie-Marguerite Lechesne, son épouse, à Courtenay ( Département du Loiret – France ).

A la fin de ses études de droit, Charles Darnis-Gravelle s’inscrit comme avocat au Barreau de Paris.
Il n’exercera jamais.
Que se passe-t-il dans la famille alors ? La légende familiale veut que, comme les revenus familiaux ne sont pas à la hauteur des ambitions paternelles, Charles ait décidé, et peut-être pas totalement de son plein gré, de partir tenter sa chance aux Colonies.
C’est à cette époque sans doute que, pour des raisons familiales, il raccourcit son nom. Il devient Charles Gravelle et nombreux furent ses amis qui ne connurent jamais l’intégralité de son nom. Deux de ses frères et sœurs firent de même.

Il obtient un engagement à La Banque de l’Indochine qui l’envoie au Cambodge. Sur le bateau, il reçoit un câble. On lui demande de débarquer à Pondichéry où l’un des directeurs vient de décéder.
Il s’exécute et profitera de ses loisirs pour étudier l’art hindouiste. Tout au long de sa vie il continuera ses recherches et finira par publier plusieurs ouvrages sur le sujet.
Il achète un appareil photographique de qualité et se passionne pour la photo.

On ne sait à quel âge il a quitté la France, ni à quel âge il a quitté Pondichéry, mais une photo le représente à vingt-sept ans dans son appartement à Haïphong, Tonkin.
Il travaille toujours pour la Banque de l’Indochine et il installe des succursales à Hanoï, Tourane, en Annam et à Saïgon, en Cochinchine. Puis enfin à Phnom-Penh, Cambodge, il prend la direction de la Banque et ne la quittera plus jusqu’à sa mort.
Durant toutes ces années laborieuses, il naviguera entre ses résidences de Tourane et Phnom-Penh, y emmenant les siens dès qu’il aura fondé sa famille.

Travailleur inlassable tant à la Banque que durant ses heures de loisirs, il écrira de nombreux ouvrages sous différents pseudonymes, rarement sous son nom propre compte tenu de ses fonctions officielles.
Il s’attache au Cambodge, à ses habitants et en acquiert une connaissance pointue tant sur le plan économique, politique et humain. Et, là encore, il publie ses réflexions.

Il sort peu, ne fréquente pas le milieu colonial pour lequel il a peu d’estime, mais reçoit beaucoup ceux et celles pour lesquels il a de l’estime et se lie avec ceux qui tiennent un rôle dans le Protectorat, pourvu qu’il les croie intègres.
Il comptera parmi ses amis SM le Roi Sisowath qui l’aidera plus tard à créer et faire fonctionner la Société de Protection de l’Enfance.
Il sera l’ami des conservateurs d’Angkor, Commailles et Groslier. Groslier qui, en remerciement de ses aides, lui peindra des portraits familiaux dont peu arriveront jusqu’en France après sa mort.
Avec ces deux hommes il se passionne encore plus pour les sites d’Angkor qu’il visitera très souvent, photographiera beaucoup, cherchant la vérité de ces temples. Il complète chaque jour sa connaissance de l’hindouisme et du bouddhisme.
Il publiera quatre carnets de conférences sur Angkor et la manière de visiter ces ruines.
Il croisera sur ces sites le Maréchal Joffre et les grands voyageurs de l’époque.
Dans de petits opuscules, il « assassinera »  avec humour et alacrité certains d’entre eux.

Il publie dans différentes revues coloniales en tant que Délégué au Cambodge de l’Alliance Française et membre de l’Ecole Française d’Extrême Orient.
Il écrit sous le nom de Charles Gravelle une partie de ses ouvrages..
Les autres, qui peuvent interférer avec sa fonction de Directeur de la Banque d’Indochine où sa position sociale et familiale, il le fera sous son troisième prénom et le nom de jeune fille de sa mère, Paul Lechesne.
Hélas, il n’arrivera jamais à réaliser son rêve : publier la somme de ses recherches et ses très nombreuses photos d’Angkor et de ses principaux temples…

Il s’est marié le 24 Janvier 1923, avec une jeune cambodgienne de haut lignage, Ratt Poss, proche parente du Roi Sisowath, première danseuse du Ballet Royal.
Ce qui leur fera dire à tous deux : « Nous étions amis, nous voilà cousins. »
(Ils auront neuf enfants dont trois vivront jusqu’au bout dans la maison familiale).
Thierry, qui a succédé à son père dans la gestion patrimoniale, sergent dans l’Armée Royale Khmère, sera tué à Mong-Chor le 20 Mars 1948 par « une forte bande rebelle ».
La plus jeune, Annette,  gagnera la France, qu’elle ne connaît pas, avec son mari, son frère Denys et ses enfants, en urgence, peu avant l’arrivée des Khmers Rouges en Avril 1975.)

Il leur donne à chacun une nounou et confie le tout à son épouse. Un nombreux personnel lui permet de continuer ses activités en dehors de son travail à la Banque.

Lorsque l’un de ses frères cadets termine, désœuvré, son service militaire, il le fait venir, lui donne un travail que ce dernier évitera de prendre trop au sérieux. Charles, qui connaît son frère, prudent, lui a alloué un adjoint qui a fait ses preuves. Ce frère, Henri, devient planteur de thé à Tourane. Le thé, de qualité, sélectionné par Charles, se vend bien.
Henri ne se sent pas le goût du travail et, comme, de plus, il n’a pas de bons rapports avec les autochtones, son frère le renvoie en France. Ce sera, croit-on, le seul échec de Charles qui, alors, achète une maison au bord du lac d’Annecy  (à Talloires – Haute-Savoie) pour que ses aînés puissent poursuivre leurs études en France, entre Paris où il a toujours l’appartement de ses parents et la capitale haut-savoyarde.
Il y installe Henri et leur sœur Lucie. Et pour que ces derniers puissent vivre correctement, comme d’anciens coloniaux, il leur enverra régulièrement les revenus de la plantation de Tourane…

Charles s’intéresse au présent et à l’avenir de l’Indochine, il publie les résultats chiffrés de ses recherches et de ses réflexions.
Il recherche d’autres ressources à l’exportation et quand les conclusions des experts donnent lieu à trop de discussions, il monte sa propre expédition, prend ses appareils photographiques et se rend sur place.
Il en revient avec un rapport circonstancié et des photos.
Il rend ensuite compte à sa direction à Paris, conscient que ses informations peuvent permettre des investissements fructueux sur le moyen ou long terme.
Ses voyages sont tellement documentés et précis qu’ils seront parfois l’élément déclencheur de certaines décisions du gouvernement.

Travailleur infatigable, il meurt à Phnom Penh le 20 Octobre 1929, à l’âge de 65 ans, durant sa sieste. Sa fille Monique qui somnole auprès de lui l’entend se plaindre. Il lui demande d’aller chercher le médecin de famille. Elle y court mais ce dernier fait lui-aussi sa sieste et son épouse ne veut pas le réveiller.

Lorsque Monique revient à la maison Charles est décédé. Sa mère fait des courses en ville…

Monique est seule face au drame. Elle a 8 ans.

Charles était prêt à s’investir dans d’autres réalisations destinées à ouvrir « son » Cambodge au commerce international. Dont le chemin de fer dont il avait examiné les travaux tout au long de son tracé, plans en mains, regrettant les conditions dans lesquelles ceux-ci se déroulaient.
Inhumé au cimetière français, sa tombe, comme celle de tous les étrangers a été rasée par les Khmers Rouges et pillée.
En 2000, on pouvait y photographier des fosses ouvertes, sans doute revisitées récemment.

On retrouve dans sa vie les noms de tous ceux qui, politiques ou industriels, ont marqué la vie de l’Indochine dans laquelle il vivait.

Charles Gravelle reste encore dans la mémoire des vieux cambodgiens survivants du génocide, des membres de la famille royale et des historiens comme celui qui osa prendre à bras le corps les problèmes des enfants orphelins et/ou abandonnés.
Avec l’aide de ses amis, dont le Roi Sisowath et des Sœurs de la Charité, il a fondé la Société Protectrice de l’Enfance et la Fondation Charles Gravelle, destinée à prendre totalement en charge les enfants métis abandonnés. 


Enfants de la fondation – Juillet 1916


Enfants de la fondation – Mars 1916


Enfants de la fondation – Mars 1916
(Charles Gravelle est au deuxième rang, centre)

 

Photos personnelles.